La France serait-elle en train de virer réactionnaire ?
On les voit partout ! on entend plus parler que d'eux ! Eux ? Les réactionnaires, les néo-fascistes, les partisans d'une France rabougrie, recroquevillée sur elle-même. On nous annonce tous les jours que la crise conjuguée aux divisions de la droite et à la faillite politique du PS au pouvoir aurait pour effet mécanique de faire monter le FN. Les actes homophobes, racistes se multiplient. Les cathos traditionnels ont trouvé le chemin de la rue et semblent y avoir pris goût. Même sur ce blog certains viennent désormais vider leur tombereau de haine et de mépris. Ce pays va-t-il si mal qu'il serait prêt à se jeter dans les bras du diable ? Une majorité de nos concitoyens aurait-elle perdue la raison ?
Je pense qu'il faut relativiser tout cela. Il est évident que la période économique et sociale est propice au repli sur soi d'une partie de la population, mais il s'agit essentiellement des plus fragiles, des plus pauvres. Ceux là restent silencieux, on ne les entend pas, ce n'est pas eux qui manifestent ou font parler d'eux en ce moment, et si certains sont peut-être tentés d'exprimer leur colère par un vote aux extrêmes, tous ne choisissent pas le FN, et beaucoup préfèrent avant tout l'abstention.
Peut-être, mais les cathos tradis, les réacs en tout genre étaient des milliers dans la rue au mois de mars contre le mariage homo, et ils risquent d'être au moins aussi nombreux dimanche prochain, avec cette fois-ci les plus radicaux en première ligne. Ils sont plus visibles, mais est-ce à dire qu'ils sont plus nombreux. Le principal enseignement de cet épisode du mariage pour tous est qu'il a réveillé toute la réaction de France. Avec le soutien logistique de l'Eglise catholique et d'une partie de la droite, cette France a montré qu'elle était organisée et possédait une véritable force de frappe. Pas sûr cependant que cette force là dépasse les cercles de ceux qui manifestent un peu partout. Il est même presque certain que ce mouvement, s'il a réveillé les réactionnaires, il a aussi permis aux autres d'ouvrir les yeux quant à leur existence. Désormais, les collusions entre la frange la plus traditionnelle de l'Eglise et l'extrême-droite apparaissent au grand jour. Pas sûr que cela soit très attractif pour les Français les plus dépolitisés.Au contraire, cette radicalité nouvelle aurait plutôt tendance à effrayer ceux qui se laissaient séduire par la dédiabolisation apparente du FN. Aujourd'hui, les masques tombent.
Le FN, justement parlons-en. Il monte, il monte, selon les sondages. selon les sondages, Mme Le Pen serait au second tour si l'élection présidentielle avait lieu demain. Sauf que justement, elle n'a pas lieu demain, il n'y a donc aucune raison de paniquer par avance. Surtout dans ces sondages bidons, il y a un chiffre que personne ne nous communique, c'est celui de l'abstention. Or, il change, et dans le contexte politique actuel, il y a fort à parier que celle-ci serait conséquente, ce qui ferait donc monter d'autant le score du FN... mais pas forcément son nombre d'électeurs.
Ils sont donc là, les réacs, pas forcément plus nombreux, mais bien visibles, bien présents. Et c'est là qu'est la vraie information, le vrai danger. Alors qu'autrefois ils étaient cachés, pestiférés, aujourd'hui ils ont pignon sur rue, ils peuvent s'exprimer en toute impunité.
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